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le robinson suisse.

mités et se resserrait d’elle-même, exactement comme la gomme élastique.

« Quelle belle découverte, mon fils ! lui dis-je, c’est le caoutchouc ; il faut que je t’explique comment on le recueille. Les sauvages font des bouteilles de terre de différentes grandeurs qu’ils laissent sécher ; puis ils en recouvrent la surface de cette gomme avant qu’elle se soit durcie, et les suspendent sur un feu modéré qui les sèche et leur donne, par la fumée, une couleur noirâtre ; ensuite ils cassent les bouteilles intérieures qui ont servi de moules, ils en tirent les morceaux par le goulot, et obtiennent ainsi des flacons de gomme à la fois fermes et flexibles.

fritz. — Cette fabrication me semble très-simple ; nous tâcherons de faire des bouteilles de caoutchouc.

moi. — Nous pourrions aussi en faire des souliers et des bottes ; une couche de ce bitume suffira pour rendre imperméables les étoffes de linge, de laine, de soie. »

Fritz était enchanté de sa découverte et se croyait déjà, en imagination, chaussé d’une paire de bottes de nouvelle fabrication. Nous ne tardâmes pas à atteindre le bois des cocotiers, qui nous fournirent des noix rafraîchissantes ; je fis remarquer à mon fils un palmier sagou ou sagoutier, renversé à terre par un coup de vent. Son tronc est rempli d’une moelle délicieuse dans laquelle vivent ces larves renommées aux Indes orientales comme un mets excellent. Fritz ayant allumé du feu avec quelques branches d’arbres, je fis cuire une douzaine de ces larves embrochées dans une baguette ; le sel que nous avions emporté pour assaisonner nos pommes de terre nous servit à saupoudrer ce rôti improvisé. Je puis assurer aux gourmands de l’Europe qu’ils ne se repentiraient point de venir aux Indes, ne fut-ce que pour se régaler d’un morceau si délicat ; jamais je n’avais rien mangé d’aussi bon ; mon fils fut de mon avis.

Après ce singulier repas, nous coupâmes un gros paquet de cannes à sucre, nous attelâmes enfin au traîneau le bau-