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Page:Johann David Wyss - Le Robinson suisse (1861).djvu/133

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le robinson suisse.

longue langue visqueuse et gluante dans les trous des fourmilières, et ne la retire que pour avaler les fourmis qui se posent en grand nombre dessus : le fourmi-lion petit insecte qui creuse dans le sable des entonnoirs où il fait tomber les fourmis, qu’il dévore ensuite. Certaines peuplades sauvages de la Hottentotie les mangent avec délices.

fritz. — Je vous remercie, mon père, des détails que vous m’avez donnés ; me permettez-vous de vous demander quels sont les autres animaux qui vivent en société ?

moi. — D’abord, dans le règne des oiseaux, il y a ceux que nous venons de voir ; mais tu devrais te souvenir de certains quadrupèdes qui vivent de même en société.

fritz. — Vous voulez peut-être parler de l’éléphant ou de la loutre marine ?

moi. — Ce n’est point de ces animaux que je veux parler ; ils aiment la société, sans doute, mais ils ne se bâtissent point de maison commune.

fritz. — J’ai deviné : ce sont les castors ; on dit qu’ils savent changer en partie le cours d’un ruisseau, d’une rivière même, pour se faire des étangs où ils construisent leur cité.

MOI. — N’oublie pas les marmottes de notre cher pays : elles vivent en société et passent l’hiver chaudement dans des trous communs. »

En parlant ainsi nous avancions toujours, et nous arrivâmes devant des massifs d’arbres qui nous étaient inconnus, ressemblant assez, par le port, au figuier sauvage ; leur fruit ovale, d’une chair molle, contenait à l’intérieur des petits grains ; le bois du tronc était écailleux comme une pomme de pin, les feuilles dures et épaisses, et dans les fentes longitudinales des branches nous vîmes une gomme déjà durcie à l’air ; Fritz en détacha plusieurs morceaux avec la lame de son couteau. Il essaya inutilement de les amollir en les réchauffant de son haleine, comme il avait fait souvent pour la gomme des cerisiers ; mais il s’aperçut avec étonnement que celle-ci s’étendait en longueur quand il la tenait par les extré-