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le robinson suisse.

bien. Le matin venu, elles avaient cessé de bourdonner, et se tenaient assez tranquilles dans leur ruche de calebasse, que nous avions attachée sur une des branches de notre figuier ; quelques centaines d’autres pendaient, en grappes dans le feuillage.

La première chose que nous fîmes à notre réveil fut de vider le miel du tonnelet dans un chaudron, à l’exception de deux ou trois rayons gardés pour l’usage de notre table. Nous plaçâmes le chaudron sur un feu modéré, après avoir ajouté au miel une certaine quantité d’eau ; nous obtînmes, de cette manière, une masse liquide qu’il fallut passer à travers un sac servant de tamis et verser dans le tonnelet ; au bout de quelques heures la masse s’était séparée en deux parties : la partie supérieure avait une forme de disque solide et dur ; la partie inférieure ou le miel était de la couleur la plus belle et la plus pure. Quand nous eûmes enlevé la cire, la tonne, soigneusement refermée, fut cachée en terre à côté de nos barils de vin. J’allai ensuite examiner la ruche, où je vis avec plaisir que les abeilles rentraient chargées de leur butin pour construire de nouvelles cellules. Je croyais que la cuve ne pourrait suffire à contenir cette multitude que nous avions chassée de l’arbre ; et, en effet, j’aperçus une grappe énorme d’abeilles suspendues à une branche ; pensant qu’elles entouraient peut-être une de leurs jeunes reines, je me fis apporter une seconde calebasse dans laquelle je les secouai. Je plaçai cette calebasse à côté de l’autre. J’avais désormais, à peu de frais, deux belles ruches parfaitement garnies.

Voici comment je m’y pris pour sonder l’arbre : une perche me servit à mesurer la distance depuis l’ouverture faite par moi jusqu’aux branches ; une pierre attachée à une ficelle me servit à mesurer le bas. À ma grande surprise, la perche pénétra, sans rencontrer d’obstacle, jusqu’aux branches sur lesquelles était posée notre demeure, et la pierre descendit jusqu’aux racines ; d’où je conclus que l’arbre avait