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le robinson suisse.

perdu la plus grande partie de son bois intérieur et qu’il serait facile d’établir un escalier tournant dans sa cavité. Il est à croire que ce figuier, comme les saules de nos climats, se nourrit par l’écorce ; loin de paraître souffrir, il étendait au loin ses branches longues et vigoureuses, et couvertes d’un feuillage touffu. L’entreprise était bien rude pour nos forces ; mais nous savions qu’avec la patience, le courage et le temps, on vient à bout de tout. D’ailleurs, j’étais content de tenir mes enfants occupés, leur physique et leur moral s’en trouvaient bien ; ils grandissaient et se développaient à merveille.

Nous commençâmes par couper dans l’arbre, du côté qui regardait la mer, une porte proportionnée à celle que nous avions prise à la cabine du capitaine avec ses gonds et sa serrure ; je pratiquai à une distance convenable trois ouvertures plus grandes que celle que j’avais faite pour prendre les rayons ; ces ouvertures furent fermées avec des fenêtres à vitre provenant également du navire ; après avoir vidé le tronc de tout le bois pourri qui se trouvait dedans, je plaçai au centre un arbre dégarni de ses branches, d’une douzaine de pieds de hauteur sur deux de diamètre ; il me servirait d’appui pour les marches de l’escalier tournant, à un demi-pied de distance l’une de l’autre. Nous creusâmes des rainures parallèles dans l’écorce du figuier ; elles correspondaient à autant d’autres rainures faites sur l’arbre fixé au centre, et devaient recevoir les marches ; comme le premier arbre n’était point assez haut, à son extrémité supérieure j’en attachai un autre avec des crampons de fer ; ensuite les marches furent placées, et deux cordes serpentant à travers des anneaux l’une autour du noyau central, l’autre le long de la paroi intérieure de l’arbre creux, devinrent nos rampes. Avec quel bonheur mes enfants montèrent cet escalier et en descendirent cent fois de suite, uniquement pour avoir le plaisir de monter et de descendre ! Ils étaient pleins d’admiration pour notre travail, et cependant je dois avouer que nous n’avions pas le droit de nous vanter d’avoir