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le robinson suisse.

mais où placer et comment construire cette demeure plus spacieuse jugée si nécessaire ? Nous ne cessions de nous entretenir à ce sujet ; un jour Fritz fouilla dans la malle qui renfermait nos effets, et, d’un air de triomphe, tenant dans sa main un livre : « Messieurs, messieurs, s’écria-t-il, voici un guide et un conseiller qui pourra nous être utile au milieu de nos graves et importantes délibérations, Robinson Crusoé ! Vous vous souvenez qu’il se creusa une habitation dans un rocher à coups de pioche. Pourquoi ne ferions-nous pas comme lui ? Il était seul, et nous sommes cinq en état de travailler, sans parler de M. François.

moi. — Je te loue, mon fils, de ton excellente idée et de ton dessein courageux ; nous tâcherons d’être aussi habiles que Robinson. »

Fritz, après avoir feuilleté son livre quelques instants, trouva le passage en question et nous en fit la lecture à haute voix. Ce Robinson, que nous connaissions depuis si longtemps, nous sembla contenir des choses toutes nouvelles et excita en nous les sentiments de la plus affectueuse gratitude envers Dieu, qui nous avait sauvés tous ensemble du naufrage. Que nous devions trouver notre sort heureux en le comparant à celui de ce pauvre naufragé, jeté seul sur une île déserte et exposé à des dangers si terribles par les fréquentes venues des sauvages auprès de son habitation ! Il fut résolu à l’unanimité que, dès que le temps serait redevenu beau, nous irions examiner les rochers de Zeltheim pour voir si nous pourrions les creuser.

Nos derniers travaux de la saison pluvieuse furent de fabriquer un battoir et des cardes pour le lin. Le battoir ne présenta point de difficulté : pour les cardes, elles me donnèrent bien de la peine. Après avoir percé des trous dans une feuille de fer-blanc trouvée sur le vaisseau, j’introduisis dans chacun de ces trous de gros clous ; je relevai les bords de la feuille et versai sur les têtes de clous du plomb fondu qui les fixa solidement ; ainsi la machine fut faite. Elle était