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le robinson suisse.

ment, tandis que moi je me rendis à la cambuse, lieu où l’on garde les vivres et l’eau fraîche. Il me fallait penser à nourrir toute ma famille. Ma femme et Fritz allèrent voir la volaille et les animaux domestiques, qui, oubliés au fort de la tempête, n’avaient plus de nourriture.

Fritz visita ensuite la chambre des munitions ; Ernest, la cabine des charpentiers ; Jack, celle du capitaine. Au moment où Jack ouvrit la porte de cette dernière cabine, deux chiens en sortirent ; et, dans leur joie de recouvrer la liberté, ils renversèrent en s’élançant l’enfant, qui, d’abord effrayé, se remit bientôt et put se rendre facilement maître des deux animaux, devenus, du reste, fort dociles par la faim. Les ayant pris chacun par une oreille, il les fit monter sur le pont, où je me trouvais moi-même alors ; Fritz nous rejoignit bientôt, portant deux fusils de chasse, du plomb et de la poudre. Ernest avait son chapeau rempli de clous et tenait dans ses mains une hache, un marteau, des tenailles, un ciseau, des vrilles. Le petit François lui-même n’avait pas voulu revenir sans rien. Il nous présenta une boîte pleine, disait-il, de jolis crochets. Ses frères voulaient rire de la trouvaille. Je leur imposai silence, et leur expliquai que ces crochets étaient de bons hameçons qui pourraient nous être plus utiles que tout le reste. Cependant je louai aussi Fritz et Ernest.

« Pour moi, dit ma femme, je vous apporte d’excellentes nouvelles : apprenez que dans le navire se trouvent une vache, un âne, deux chèvres, sept moutons et une truie pleine, à laquelle j’ai donné à manger et à boire : nous les sauverons, je l’espère.

— Vous méritez tous des louanges, dis-je à nos enfants, à l’exception de Jack, qui nous amène deux mangeurs de plus.

— Mais, papa, fit Jack, quand nous serons débarqués, mes chiens nous serviront pour aller à la chasse.

— Oui ! précisément, voilà le difficile… débarquer !… Espères-tu gagner le rivage sur le dos de tes chiens ?