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le robinson suisse.

pieds à chaque bout du rouleau, dans le sens de la longueur, et je rejoignis les deux parties ainsi séparées en les croisant l’une sur l’autre. Elles prirent, de cette manière, l’une la forme d’une proue, l’autre d’une poupe. Les clous, le goudron et la corde furent employés à cet effet ; à l’aide de forts bâtons, placés en travers à égale distance, je maintins un écartement suffisant entre les bords de la pirogue ; mais il me manquait, pour l’achever, plusieurs choses indispensables : j’envoyai donc de nouveau Fritz et Jack à Falkenhorst, chercher notre petite charrette, sur laquelle je voulais transporter à notre domicile ma pirogue afin de la terminer à loisir.

Ils partirent, comme la première fois, montés, l’un sur l’onagre, l’autre sur le buffle, emmenant de plus maître baudet, qui devait être attelé à la charrette.

En leur absence, j’allai avec Ernest dans les environs, couper de grosses racines d’arbre, dont j’avais besoin pour doubler intérieurement ma pirogue et en maintenir les côtés droits et relevés. Nous trouvâmes, en même temps, le pin de la Virginie ou pin à trois feuilles, dont la résine épaisse est préférable pour le calfat. Ma femme et le petit François nous aidèrent à en récolter une grande quantité. Quand nous arrivâmes à la métairie, mes fils étaient déjà de retour avec la charrette ; mais nous ne pouvions songer à nous mettre en route, car la nuit approchait. Après le souper, chacun se coucha.

Le lendemain, dès l’aube, nous posâmes avec précaution notre pirogue inachevée sur la charrette, ainsi que les courbes et les provisions de résine ; avant de partir, j’arrachai aux environs une douzaine de jeunes arbres, que je voulais ajouter à nos plantations de Zeltheim. Depuis quelque temps déjà j’avais l’intention de construire une sorte de fortification ou de palissade entre la rivière principale de l’île et la plaine des Buffles, et de laisser, du côté opposé à nos domaines, un couple de nos porcs s’établir en paix dans