Page:Johann David Wyss - Le Robinson suisse (1861).djvu/213

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
187
le robinson suisse.

un endroit où nous n’aurions rien à craindre d’eux pour nos plantations.

Ce dessein me décida à prendre la route du champ de bambous. Je les trouvai énormément grossis. J’en abattis un pour servir de mât à notre pirogue, et un grand nombre d’autres pour faire la palissade projetée. Nous creusâmes d’abord, à égale distance des rochers et de la rivière, un fossé où l’eau fut amenée par une rigole, et entre ce fossé et la rivière nous établîmes notre palissade de bambous entrelacés dans de grosses branches d’arbres fichées en terre ; de chaque côté, nous plantâmes des arbrisseaux épineux et des palmiers nains formant haie vive ; ça et là furent creusées quelques fosses à loups, que nous recouvrîmes de planches et d’herbe. Nous ne nous ménageâmes qu’un sentier fort étroit ; pour franchir le fossé, je construisis un pont mobile nommé le pont de la Famille, et j’élevai une petite cabane d’écorces pour nous servir de campement : elle reçut le nom d’Ermitage. Ces travaux nous demandèrent cinq à six jours.

On ne s’arrêta à Falkenhorst que le temps nécessaire pour renouveler les provisions de notre volaille et prendre des outils ; le jour même, nous arrivâmes à Zeltheim, où je voulais finir ma pirogue dans le voisinage de la mer. On ne saurait s’imaginer ce que coûte le travail d’une embarcation, même la plus simple et la plus ordinaire, quand on veut l’établir solidement. Il fallut d’abord la doubler à l’intérieur de côtes de bois, la garnir d’une quille ; puis attacher des anneaux pour les rames et les câbles, fixer le mât, poser les bancs des rameurs, mettre enfin le gouvernail. Je terminai [ma besogne en goudronnant la machine en dedans et en dehors ; pour lest j’établis un pavé de pierres liées ensemble par de l’argile et que je recouvris d’un plancher solide. Déjà nous parlions de mettre notre pirogue à l’eau, quand l’idée me vint de lui faire une ceinture d’outrés gonflées d’air, bien goudronnées, et retenues par de