Page:Johann David Wyss - Le Robinson suisse (1861).djvu/221

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litude nous n’avons guère le temps de nous livrer aux plaisirs de la table.

ma femme. — Permets-moi de contribuer pour quelque chose à l’agrément de la fête ; suivons les usages de tous les peuples, qui accompagnent de festins même leurs solennités religieuses : une bonne nourriture prise modérément réjouit le cœur de l’homme. »

Je dis à ma femme que je la laissais libre de faire ce qu’elle jugerait convenable. Elle se rendit dans sa cuisine.

Mes enfants et moi nous nous couchâmes. Je les entendis se demander tout bas l’un à l’autre quels préparatifs j’avais pu faire pour la fête ; je ne jugeai point à propos de les instruire à ce sujet ; mais leurs chuchotements et leurs suppositions aidèrent à fixer mes idées encore indécises.

Le jour commençait à peine à poindre lorsque nous fûmes réveillés par un coup de canon dont le son venait du rivage. Plein d’inquiétude, je me levai précipitamment, et je n’étais qu’à moitié habillé quand Fritz et Jack entrèrent tout joyeux dans ma chambre. Je soupçonnai alors que mes fils pouvaient bien m’ avoir ménagé cette surprise, qui, du reste, ne m’était point agréable ; Fritz lut sur ma figure l’expression du mécontentement et s’excusa d’avoir, sans ma permission, salué par un coup de canon l’aurore de cet anniversaire.

« Il faut convenir pourtant, dit Jack, que ce coup-là vaut bien la peine qu’on en parle ; a-t-il ronflé ! nous n’avons pas craint de vider nos cornets à poudre.

moi. — Je vous pardonne pour cette fois, mais je vous défends, à l’avenir, de gaspiller ainsi nos provisions de guerre : un jour viendra, peut-être, où nous donnerions la moitié de tout ce que nous possédons pour une seule charge de poudre. »

Après le déjeuner, je lus à mes enfants quelques-uns des principaux passages de mon journal pour leur rafraîchir ta mémoire sur les circonstances où la divine providence