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le robinson suisse.

pris, disaient-ils, tant de plaisir à casser la tête, ou les bras, ou les jambes : cela aurait ressemblé davantage à un combat véritable.

« Mes amis, leur répondis-je, je ne veux point vous habituer aux idées de carnage. La guerre d’homme à homme ne doit point faire naître des idées de jeux et de divertissements ; c’est toujours un grand mal et très-souvent un grand crime. D’ailleurs, si vous réussissez à abattre une pièce de gibier, vous saurez bien tuer un ennemi en cas de légitime défense. »

Fritz commença l’exercice du tir : il atteignit deux fois de suite la tête du kanguroo ; Ernest le perça au milieu du corps ; Jack, par un hasard ou une adresse extraordinaires, abattit net l’oreille de l’animal. Je diminuai l’espace et fis répéter la même épreuve au pistolet. L’avantage resta finalement à Fritz. Les enfants chargèrent ensuite leur fusil avec de la cendrée et visèrent sur un oiseau en écorce que j’avais jeté en l’air aussi haut que possible ; Ernest le cribla, tandis que ses frères ne l’atteignirent pas. Puis vint le tour des arcs ; et, pour montrer l’importance que j’attachais à cette arme, je déclarai que le prix du tir serait donné au meilleur coup de flèche. Mes trois aînés se montrèrent très-habiles, et le petit François lui-même ne tira pas trop mal. Les succès de mes archers me furent très-agréables : dès lors, je me promis bien de ne pas leur laisser jeter la poudre au vent, et de les obliger à se servir plus souvent de l’arc, qu’ils semblaient un peu trop regarder comme une arme indigne d’eux.

Après le tir, on passa à l’exercice de la course. J’avais plusieurs fois calculé à peu près ce qu’il fallait de temps pour aller de Zeltheim à Falkenhorst ; je préférai donc faire parcourir cet espace à mes enfants pour essayer leur agilité. Je leur dis que le premier qui arriverait à l’arbre devrait prendre sur la table placée entre les racines mon couteau de poche que j’y avais oublié. Au premier coup que je