Aller au contenu

Page:Johann David Wyss - Le Robinson suisse (1861).djvu/258

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
230
le robinson suisse.

tats nous sont encore d’un bien petit secours, et il en sera de même tant que l’homme n’aura pas découvert le secret de les diriger. »

Ma femme nous attendait sur le rivage ; mais, à la vue de nos costumes délabrés et de la vilaine cargaison que nous lui amenions, elle se mit presque en colère. « Il fallait, disait-elle, jeter à la mer tout cet amas de chair pourrie qui empestait l’île. » Je lui rappelai les grands avantages que nous tirerions de l’huile, et, pour achever de la calmer, je lui promis de lui fournir bientôt quelques pains de bon savon qui lui faciliteraient ses travaux de blanchissage. Ces réflexions l’apaisèrent peu à peu, et elle nous laissa décharger le bateau.

Avant de nous livrer au repos, j’attachai solidement les boyaux de la baleine aux deux extrémités, et je les fis sécher près de la cheminée, afin que le lendemain matin nous eussions nos outres toutes prêtes.

Dès que le jour parut, chacun sauta à bas du lit, et nous commençâmes immédiatement la fabrication de l’huile. Les quatre cuves pleines de graisse fixées solidement sur le sol, nous en pressâmes le contenu avec de fortes poutres et des pierres, et nous obtînmes bientôt un ruisseau d’huile que Jack et Ernest recevaient dans les outres. Quand ces outres furent pleines, nous plaçâmes le reste de la graisse dans une de ces grandes chaudières que nous avions sauvées du naufrage, et au moyen d’une large cuiller nous continuâmes à emplir les tonnes. Pour être plus certain de la pureté de nos produits, je faisais tamiser à travers une toile serrée tout le liquide qui découlait des cuves ou que nous retirions avec la cuiller.

Nos vases étaient remplis, et notre provision semblait suffisante pour plus d’une année : aussi je fis jeter dans la rivière les morceaux de lard qui restaient, et ils devinrent bientôt la proie des oies et des canards.

Pendant ce temps, ma femme avait préparé les mouettes