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le robinson suisse.

lunettes, reprit Ernest, que les jongleurs américains dressent à danser en mesure au son d’un instrument de musique ?

— Danser ! reprit Jack, comment veux-tu que l’on danse sans pieds ? Voilà une absurdité !

— C’est toi, mon petit étourdi, répliquai-je, qui maintenant dis une véritable sottise : de ce qu’une chose nous semble extraordinaire, il n’en résulte pas qu’elle soit absurde. Oui, les jongleurs indiens habituent les serpents à se soulever avec un mouvement cadencé qui suit parfaitement la mesure de la musique.

— Mais, reprit Ernest, j’ai lu aussi que le serpent à sonnettes avait la faculté d’attirer sa proie par une sorte de fascination. Que doit-on penser de cela ?

— Le fait me semble possible. Cette fascination n’est autre chose que la terreur qui paralyse tous les mouvements chez la victime. Ne savez-vous pas que, chez certaines natures impressionnables, la vue seule d’un abîme produit un tel étourdissement, que l’on se sent comme précipité par une force irrésistible ? Le phénomène de la fascination est, sans doute, quelque chose d’analogue.

fritz. — Mais, avec tout cela, nous n’avons pas encore décidé ce que nous ferions du boa. Mon avis est d’essayer de l’empailler.

— Oh ! oui, dit Jack, et nous le placerons en épouvantail devant la porte de l’habitation pour qu’il fasse fuir toutes les bêtes féroces.

moi. — Et, en même temps, il fera peur à toute notre basse-cour et à nos animaux domestiques. Non, non, il vaut mieux le garder dans notre musée. »

Cet avis obtint l’assentiment de tous, et je remis à plus tard le soin de cette opération.