— Un petit cochon sauvage, plus gros que celui de Fritz.
— Pourvu, pensai-je, que ce ne soit pas un des petits de notre laie ! »
J’aurais été contrarié d’une pareille méprise ; mais, en considérant le gibier de plus près, je reconnus non pas un agouti, mais un cabiai. Il était facile de le distinguer à la forme des incisives, à l’absence de la queue, à la fente de la lèvre supérieure et aux membranes qui unissaient les doigts de ses pattes. Je le dis à mon jeune chasseur, qui paraissait enchanté de sa prise : « Le cabiai, ajoutai-je, se trouve surtout dans l’Amérique méridionale ; il appartient à la même famille que l’agouti ; il est fort bon à manger et facile à attraper sur terre, car il marche lentement ; mais, en revanche, il nage fort bien : du reste, on dit qu’il ne cherche sa nourriture que la nuit. »
François, en vrai chasseur, mit immédiatement son gibier sur ses épaules ; je ne tardai pas à m’apercevoir que le fardeau était trop lourd pour lui : il avançait plus que lentement, et semblait presque regretter son heureux coup de fusil. Je voyais son embarras, mais je voulais le laisser trouver seul le moyen d’en sortir. Enfin le pauvre enfant s’arrêta en disant : « Je n’en puis plus ; je ne croyais pas qu’un cabiai fût si lourd.
— À ta place, repris-je, je le laisserais là, et je me mettrais à marcher comme auparavant, gai et alerte. »
Ce conseil ne semblait pas de son goût. Il était trop fier de faire parade de sa chasse aux yeux de sa mère et de ses frères pour abandonner ainsi son butin. Après un instant de réflexion, il répondit :
« J’ai une idée ; je vais le vider et donner les entrailles au chien, cela allégera ma charge d’autant.
— C’est vrai, mais elle sera encore trop lourde pour toi, et tu verras qu’il n’est pas toujours agréable d’être riche. Allons, il y a mieux que cela à faire.
— Ah ! j’y suis ! dit en sautant mon petit François : j’ai