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le robinson suisse.

là un chien vif et fort. Je suis bien bon de me fatiguer quand lui ne fait rien.

— À la bonne heure ! c’est un bon expédient. Comment ! c’est toi-même qui lui as appris à porter des fardeaux, et, au moment où tu peux si bien mettre à profit son industrie, tu ne penses pas à y faire appel ! »

François exécuta son projet, et, débarrassé de son fardeau, il se remit à marcher avec la même vivacité et le même contentement qu’auparavant. Nous arrivâmes ainsi au bois des pins, où nous fîmes une petite halte pour ramasser quelques pommes et nous reposer un peu. Nulle part je ne vis de traces du passage du boa, mais en revanche j’aperçus quelques singes, ce qui me montra que nous n’étions pas encore complètement quittes de leur visite.

À notre retour, nous trouvâmes Ernest travaillant à faire de petits balais au moyen de la paille de riz. Il était entouré d’un nombre considérable de gros rats qu’il venait de tuer.

« Si nous n’avons pas besoin de fourrures, nous avons besoin de chapeaux, et la peau de ces rats nous servira comme l’eût fait celle des castors. »

Nous revînmes ensuite auprès de ma femme, et, chemin faisant, nous rencontrâmes Fritz et Jack, qui me parurent assez mécontents de leur expédition. Ils n’avaient rien vu d’inquiétant, et Jack rapportait une douzaine d’œufs, tandis que Fritz tirait de son carnier de chasse un magnifique coq de bruyère et une belle poule. C’était une jolie chasse ; mais, remarquant leur air peu joyeux, je leur demandai si, par hasard, ils avaient commis la faute de tirer sur une poule couveuse.

« Non, mon père, répondit Fritz ; je ne l’aurais certainement pas voulu ; le seul coupable est le chacal de Jack, qui, pendant que j’abattais le coq, a étranglé la poule sur ses œufs avant que nous ayons pu l’en empêcher. Nous avons pris immédiatement le nid et l’avons enveloppé dans une