proche de nos chiens suffit pour les faire fuir. D’une voix unanime nous baptisâmes ce délicieux vallon du nom de l’Oasis de la savane.
Nous marchions dans la direction de la grotte où Jack avait pris le chacal et qui en avait conservé le nom. Elle était assez vaste pour nous donner un abri à tous, et je comptais y faire une dernière halte avant de regagner notre point de départ.
Fritz et Jack me demandèrent de les aider à couper deux perches et un bâton. Leurs tiges de bruyère étaient un peu faibles pour le poids des œufs d’autruche, et ils craignaient à chaque instant de les voir se casser. Ernest marchait devant, sans doute, pensais-je en moi-même, pour se reposer plus tôt et plus longtemps. Mais tout à coup nous l’entendîmes pousser un cri perçant auquel se mêlèrent les aboiements répétés de nos chiens, et nous vîmes le pauvre garçon revenir à toutes jambes vers nous. Il était très-pâle et avait perdu son chapeau : « Un ours ! nous cria-t-il, un ours ! Il me suit ! il me suit ! »
En même temps un grognement prolongé m’annonça que la peur d’Ernest n’était pas sans cause. J’armai tout de suite mon fusil, Fritz en fit autant, et nous nous avançâmes tous deux au-devant de ce terrible adversaire. Jack resta avec prudence un peu en arrière. Mais à peine avions-nous fait quelques pas, que nous vîmes sortir de la grotte un second ours, qui semblait venir au secours du premier. Je lâchai mon coup de fusil sur l’un d’eux, et Fritz tira presque en même temps sur l’autre. Soit que la présence des chiens nous eût empêchés de bien ajuster, soit que l’imprévu de l’attaque nous eût un peu troublés, ma balle ne fit qu’effleurer la peau de mon ennemi. Quant à Fritz, il avait brisé la mâchoire de l’autre. Les chiens se ruèrent courageusement sur les blessés, et un coup de fusil de maître Jack cassa la patte de celui que j’avais à peine touché. Ces diverses circonstances donnaient un peu d’avantage à nos vail-