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le robinson suisse.

en les équilibrant aux deux extrémités d’une perche placée sur l’épaule ; et, se servant de son fusil comme de levier, il parvint ainsi à marcher sans aucune fatigue. Ses frères s’empressèrent de l’imiter, et je les engageai alors à remplacer le fusil par de fortes branches de bruyères, ce dont ils se trouvèrent bien.

Nous nous éloignâmes alors de la colline pour nous diriger du côté de la rivière ; en route nous trouvâmes une source d’eau fraîche et limpide qui donnait naissance à un petit ruisseau. C’était là, sans doute, qu’avaient été se désaltérer le chacal et les chiens. On voyait aussi sur les bords des traces du passage des antilopes, des buffles, que nous avions aperçus en même temps que les autruches. Il y avait bien également la marque un peu effacée d’un autre pied, mais nous ne pûmes décider si ce vestige appartenait à un singe ou à un homme. D’ailleurs, nous ne découvrîmes dans tout ce que nous avions déjà exploré rien qui rappelât le passage du boa. Nous trouvâmes en cet endroit quelques petites tortues de terre.

Après une demi-heure de repos, je donnai le signal du départ. Une pente assez courte nous cachait la vue de la rivière, nous la gravîmes assez lestement, et, arrivés au sommet, nous vîmes avec étonnement la végétation la plus luxuriante succéder presque sans transition à la sécheresse et à l’aridité des plaines que nous abandonnions. Nous avions sous les yeux une vallée remplie de bosquets de verdure qui s’étendait le long de la chaîne de rochers, frontière de nos propriétés. Le ruisseau dont nous venions de trouver la source serpentait au milieu de la vallée, répandant une fraîcheur qui nous semblait d’autant plus agréable que les parages que nous avions parcourus le matin étaient plus arides.

Devant nous des troupeaux de buffles et d’antilopes paissaient tranquillement ; mais, au lieu de nous attendre ou de nous attaquer comme nous le craignions d’après les souvenirs de notre première chasse, ils étaient paisibles ; la seule ap-