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le robinson suisse.

jettir, je fis sauter un petit éclat de pierre qui laissa à découvert une couche de talc, traversée par des fils d’amiante ; cette découverte me fit grand plaisir.

Nous nous occupâmes ensuite sérieusement de dépouiller les ours. Ce travail était pénible, car je n’avais pas eu encore occasion d’essayer nos moyens sur d’aussi gros animaux. Nous les attachâmes par les pattes de devant à une poutre transversale en bambou élevée à sept pieds environ au-dessus du sol. Mes enfants tenaient beaucoup à ce que la tête fût entière. Aussi, aidé de Fritz, eus-je bien de la peine à enlever la peau, en laissant les griffes et les mâchoires adhérentes.

La voix de ma femme nous appela pour le dîner, qu’elle avait préparé avec l’aide de François, son petit marmiton habituel. Nous abandonnâmes pour quelques instants notre besogne et nous rangeâmes avec plaisir autour d’un bon rôti. Après le repas, voyant qu’il était resté de l’eau tiède dans une marmite, je dis aux enfants de m’aller chercher leurs œufs d’autruche. « Si l’intérieur est déjà gâté, il est inutile de nous embarrasser plus longtemps de ce fardeau incommode.

— Comment pourrez-vous le savoir sans les casser ? dit Fritz. Et alors à quel usage peut servir l’eau de la marmite ?…

— Mais, dit ma femme, tu ne connais donc pas ce moyen ? Si, en plongeant un œuf dans l’eau tiède, tu le vois s’agiter de lui-même, tu peux être sûr que le petit qui l’habite est en vie.

— Sans doute, dit Jack ; mais pourquoi de l’eau tiède ?

— Parce que l’eau froide pourrait le geler, et l’eau chaude le brûler. »

L’épreuve ne réussit pour aucun de nos œufs. Les enfants voulaient alors les briser. Il leur tardait de voir par leurs yeux la conformation du poussin. Mais je les arrêtai en leur faisant remarquer que la coque de ces œufs pourrait nous servir du moins à faire des coupes et des verres. « Il faut,