dis-je, les préparer comme les calebasses, et les couper régulièrement en deux avec un fil.
— Mais, papa, dit Fritz, les calebasses sont tendres, et le fil pénètre facilement dans leur écorce. Ici, au contraire, la coque est trop dure pour qu’on puisse l’entamer ainsi.
— Eh bien, leur dis-je, ne pouvez-vous donc pas remédier à cet inconvénient ? Voyons, toi, Ernest, tu sauras peut-être donner un bon conseil à tes frères ?
— Il me semble, reprit mon petit savant, que le meilleur moyen serait d’employer le vinaigre ou quelque autre dissolvant analogue.
— Le vinaigre ! s’écria Jack, que veux-tu dire par là ?
— Tiens, repartit son frère, remarque donc que la coque de l’œuf est composée d’une couche calcaire dont l’épaisseur est variable. Si maintenant tu imbibes ton fil de coton avec du vinaigre, ce liquide décomposera la partie calcaire, et l’amollira de manière à permettre au fil d’y pratiquer une section. En ayant donc soin de renouveler le vinaigre à mesure qu’il se sèche, le fil pénétrera peu à peu jusqu’à ce qu’il arrive à la pellicule de l’œuf, que tu partageras facilement avec un couteau.
La journée ne nous suffit pas pour terminer le dépouillement des ours, et le lendemain fut encore employé à ce travail, qui réussit parfaitement, au delà même de mes espérances. Une fois les peaux enlevées, je coupai quelques quartiers de viande dans la chair pour les fumer. Les pattes de l’ours sont, au dire de certains gastronomes, un mets très-friand ; nous les conservâmes dans l’intention de juger par nous-mêmes de la vérité de cette assertion. Quant au surplus, nous le découpions en tranches les plus longues possible, ou nous le taillions en bandes circulaires autour des muscles ; le tout était salé et fumé d’après les procédés des boucaniers américains. Les peuplades du Nord utilisent, dit-on, la graisse d’ours dans la cuisine, en s’en servant comme nous nous servons de beurre fondu ; quelquefois