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le robinson suisse.

Nous nous remîmes ensuite en marche pour tâcher d’arriver avant la nuit à notre métairie de Waldegg, car nous ne pouvions pas aller plus loin ce jour-là. En passant, nous primes le jambon de notre pécari, que nous avions laissé dans le fumoir ; il s’était parfaitement conservé. Nous cueillîmes aussi dans cette plantation quelques cannes à sucre. Toutes ces haltes multipliées nous prirent plus de temps que je n’aurais voulu, en sorte que nous fûmes obligés de voyager un peu pendant la nuit. Autant que possible, j’évitais de courir ainsi un danger inutile ; car, outre la crainte des bêtes féroces que nous étions exposés à rencontrer, je savais que, dans les climats chauds comme le nôtre, les nuits étaient parfois très-fraîches, et que la transition brusque de la chaleur au froid pouvait causer à mes enfants des maladies ou des douleurs capables d’altérer leur santé.

Nous ne courûmes cependant aucun danger. Dès notre arrivée à la métairie, nous fîmes à la hâte les préparatifs du coucher. Nous étions très-fatigués, aussi le souper fut-il vite expédié, et chacun alla demander au sommeil un peu de délassement.

Le lendemain, nous vîmes avec plaisir que notre basse-cour s’était considérablement augmentée, seulement nos hôtes emplumés semblaient peu disposés à nous bien accueillir ; ils se montraient aussi sauvages que s’ils eussent été encore à l’état de nature. Mais ce petit inconvénient ne nous empêcha pas de constater que presque toutes les couvées avaient bien réussi. Les œufs apportés par Jack avaient donné de petits poussins qui promettaient de belles poules de bruyère ; ma femme en fut si contente, qu’elle voulut les emporter à Felsheim. Pour lui procurer ce plaisir, je mis les lapins dans le sac des tortues ; je pris deux de celles-ci que je jetai dans notre étang dans l’espoir qu’elles suffiraient à le peupler, et ainsi une des cages, se trouvant libre, put contenir les volatiles que nous comptions acclimater près de nous.