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le robinson suisse.

« C’est là ce noyau si délicieux que le savant Ernest nous a tant vanté !

moi. — Allons, pourquoi te moquer de ton frère ? Ce qu’il t’a dit est vrai : quand les noix de coco ne sont pas encore mûres, elles contiennent un lait agréable et rafraîchissant ; mais plus la noix mûrit, plus l’amande devient dure, et le lait contenu intérieurement s’épaissit et se dessèche ; si le terrain sur lequel la noix tombe est favorable, bientôt, par ces trois petits trous que tu remarques près de la queue, sort un germe qui s’implante dans le sol et fait rompre la coque. Tu dois te souvenir d’un phénomène analogue qui se produit pour le noyau de pêche ou d’abricot. Ainsi, dans la nature, tout nous fournit des occasions d’admirer le Créateur. »

Nous continuâmes à marcher à travers des lianes et d’autres plantes grimpantes entrelacées aux arbres et qui nous barraient le passage ; il fallait nous frayer un chemin à coups de hache. Nous atteignîmes une clairière où Fritz remarqua avec surprise des arbres qui, au lieu de porter leurs fruits sur leurs branches, les portaient sur leur tronc. Ayant détaché un de ces fruits, il lui trouva assez de ressemblance avec une courge.

« C’est, en effet, une courge, lui dis-je ; la coque de ce fruit sert à faire des assiettes, des écuelles, des verres et d’autres ustensiles ; l’arbre qui donne ces courges s’appelle calebassier. Devines-tu pourquoi ces fruits sont attachés au tronc au lieu de l’être aux branches ?

fritz. — Les branches seraient trop faibles pour supporter le poids de ces courges.

moi. — Très-bien. Tu trouves la vraie raison.

fritz. — Ces courges sont-elles bonnes à manger ?

moi. — Oui, mais leur goût n’est pas des plus agréables. Les sauvages estiment surtout la courge pour les usages dont je t’ai parlé ; de plus, elle leur sert à faire cuire leurs aliments.