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le robinson suisse.

fritz. — Mais cette coque doit brûler sur le feu !

moi. — Je ne te dis pas que cette coque puisse aller au feu.

fritz. — Comment fait-on cuire des aliments sans feu ?

moi. — Il est vrai qu’on ne saurait se passer de feu pour la cuisson des aliments. Écoute-moi. Les sauvages commencent par faire rougir au feu des pierres grosses comme un œuf, puis ils les jettent une à une dans la calebasse pleine d’eau ; de cette manière, le liquide arrive peu à peu au degré de chaleur nécessaire pour cuire soit la viande, soit le poisson, soit les légumes. Façonnons chacun une de ces calebasses, que nous rapporterons à ta mère. »

Fritz essaya de se servir de son couteau, mais il ne fit rien de bon. Pour moi, je serrai fortement la calebasse par le milieu, au moyen d’une corde, et, de cette manière, je la coupai en deux parties parfaitement égales, formant chacune deux écuelles.

« Tiens ! dit Fritz, comment cette idée vous est-elle venue, papa ?

moi. — J’ai lu dans des livres de voyages que les sauvages se servent de cordes pour couper beaucoup d’objets. Je me suis souvenu de cela à propos. Maintenant veux-tu savoir comment on fait des bouteilles ou des flacons ? On entoure la courge, pendant qu’elle est jeune, avec des bandes de toile ou d’écorce ; la partie comprimée reste étroite, tandis que la partie libre arrive à son développement naturel. »

Nous coupâmes encore plusieurs calebasses, et, avant de repartir, les ayant remplies de sable fin, nous les laissâmes sécher au soleil.

Après quelques heures de marche, nous atteignîmes le sommet d’une colline élevée d’où nos yeux embrassèrent un immense horizon. La lunette d’approche ne nous fit découvrir aucun de nos compagnons, ni rien qui prouvât que cette île fut habitée. Pour consolation, la nature étalait devant nous ses pompes et sa magnificence : vertes prairies,