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tais pas que nous ne pussions arriver à mieux faire que les habitants du Groënland.

Pour les quilles, je pris les fanons de baleine les plus grands et les plus forts que je trouvai, je les attachai deux à deux et les joignis ensuite au groupe des deux autres par les deux extrémités ; la courbure naturellement arquée de ces fanons me donnait ainsi deux quilles qui s’emboîtaient l’une dans l’autre. Le tout fut enduit de résine, comme nous avions déjà fait pour calfeutrer notre chaloupe. La longueur totale était d’environ douze pieds. Au-dessous, je fis deux entailles auxquelles j’adaptai de petites roulettes destinées à rendre le transport du caïak sur terre beaucoup plus facile. Je réunis les deux arcs par des bambous qui formaient comme les barreaux de cette échelle, dont les bras étaient recourbés. J’attachai fortement les deux bouts des arcs qui se rejoignaient, en formant aux deux extrémités comme deux petites cornes ; entre ces deux cornes j’élevai un troisième fanon perpendiculaire, destiné à rattacher les côtés élevés du caïak ; je réunis aussi les quilles par une bande de cuivre, à laquelle j’attachai un anneau de fer pour permettre d’amarrer facilement par l’avant ou l’arrière à volonté. Les bambous fendus me servirent de côtes dans le sens de la longueur, excepté à la partie la plus élevée, où je mis un roseau tel que nous en trouvions dans notre marais des Canards. Avec ces roseaux je confectionnai encore les côtes courbées dans le sens de la hauteur, la flexibilité du jonc me permettant de leur donner l’inclinaison voulue. Un pont ou tillac recouvrait toute la surface supérieure, à l’exception d’une ouverture circulaire destinée au rameur. J’entourai cette ouverture du bois le plus flexible et le plus léger, et je ne donnai au diamètre que juste la dimension nécessaire pour que le corsage de natation pût s’adapter hermétiquement, en sorte que l’homme semblât ne faire qu’un avec son canot. Le rameur devait être ou accroupi, ou à genoux, ou les jambes étendues ; comme ces positions étaient trop fati-