Page:Johann David Wyss - Le Robinson suisse (1861).djvu/353

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gantes et gênaient trop les mouvements, j’ajoutai un petit escabeau sur lequel il pouvait s’asseoir et se reposer. C’était, sans contredit, un perfectionnement important apporté à la méthode groënlandaise.

J’avais ainsi la carcasse de mon canot. Je voulus d’abord essayer sa solidité et sa légèreté : je trouvai l’une et l’autre au-dessus de toute attente. Ainsi, l’ayant lancé sur un terrain pierreux, il rebondit avec l’élasticité d’un ballon, et ensuite l’ayant plongé dans la mer, il surnageait tellement, qu’une charge même assez lourde le fit à peine tirer un pouce d’eau. Nous ne l’achevâmes pas immédiatement ; mais, comme j’ai commencé cette description, je veux la poursuivre jusqu’au bout.

Nous calfeutrâmes d’abord toutes les fentes, principalement le fond, avec du liège et du goudron. Puis nous étendîmes à l’intérieur et à l’extérieur des peaux de chiens de mer préparées par les procédés ordinaires, c’est-à-dire d’abord enlevées d’un seul morceau, en les tirant par-dessus la tête de l’animal, puis nettoyées avec de la cendre, raclées avec un couteau, trempées dans du vinaigre et séchées au soleil, enfin enduites de résine fondue, qui les rendit à la fois souples et imperméables. Avec ces peaux nous tapissâmes d’abord l’intérieur, puis nous étendîmes avec soin les plus grandes et les plus fortes à l’extérieur, cousant solidement les endroits où elles se rejoignaient avec une alêne de cordonnier et des fanons pris à la queue de la baleine. Aux deux extrémités nous coupâmes ce qui dépassait, et une couture solide vint réunir les deux fragments. Pour que l’eau ne pénétrât pas, nous versâmes sur la couture de la résine fondue.

Le tillac fut à son tour revêtu, comme le reste, de peaux de chiens de mer, également cousues et calfeutrées avec de la poix résineuse ; elles se rattachaient, du reste, facilement au roseau, qui, je l’ai dit, formait le contour supérieur, et que j’avais laissé entier pour obtenir un petit rebord. La