de tous les côtés. Je ne savais qui accuser de ces ravages, mais un examen plus attentif me convainquit qu’une bande de cochons avait passé par là. Maintenant étaient-ce des cochons sauvages, ou les petits de notre truie ? Je résolus de m’en assurer sans délai, et pour cela je suivis les traces encore récentes du passage de ces animaux.
J’arrivai ainsi jusqu’à l’ancien champ placé près de Falkenhorst : mêmes ravages ; mais je ne voyais pas un seul cochon, ce qui me fit supposer que leur troupe était peu nombreuse. Tout à coup les chiens se mettent à aboyer et s’élancent vers un taillis assez fourré. Je les suis, et je vois notre vieille truie, revenue à peu près à l’état sauvage, entourée d’une bande de petits marcassins qui devaient provenir d’une seconde portée ; à ses côtés était le pourceau que nous avions laissé vivre pour multiplier l’espèce. Il était devenu un porc d’une grosseur raisonnable. La truie et lui tenaient les chiens en respect en grognant et montrant les dents.
La vue de tout le mal que nous causaient ces animaux, et cela sans nécessité, puisqu’ils pouvaient trouver une abondante nourriture sans envahir nos champs, m’avait réellement irrité, en sorte que je ne sus pas réprimer un premier moment de colère et que je fis feu de mes deux coups de fusil sur la troupe que j’avais devant moi. Trois marcassins tombèrent, et le reste s’enfuit en grognant derrière les broussailles. Je coupai tout de suite les têtes des victimes, pour faciliter l’écoulement du sang ; rappelant alors les chiens, je les laissai s’en abreuver, et je plaçai dans le traîneau les trois cochons décapités. Je n’étais pas content de moi-même ; car je sentais bien que j’avais cédé à un mouvement de colère. Nous n’avions nul besoin de viande en ce moment à la maison, et les deux coups de fusil que j’avais tirés étaient réellement deux coups perdus.
Je continuai cependant ma marche, et je ne tardai pas