l’animal, et ils furent étonnés de voir que l’opération se faisait toute seule.
« Oh ! c’est charmant ! dit Jack, je demande pardon pour mes doutes de tout à l’heure. Mais comment cela peut-il se faire ?
— Mon Dieu ! c’est bien simple, repris-je, et tous les Groënlandais connaissent ce procédé. Quand ils ont pris un chien de mer, ils l’enflent comme vous m’avez vu faire ; l’animal, ainsi gonflé, surnage sur l’eau : ils peuvent donc l’emmener à la remorque de leur canot et ensuite le dépouiller.
— Mais cela, dit Fritz, ne nous explique pas comment l’insufflation peut séparer la chair de la peau.
— Cela tient à la conformation du tissu cellulaire : entre la chair et la peau se trouvent une foule de petites cases qui contiennent des corps gras ; si elles viennent à se remplir d’air, elles se dilatent d’abord, puis se déchirent, et la peau se détache naturellement. Dans certaines maladies, l’air pénètre ainsi dans le tissu cellulaire et amène un gonflement considérable qui, le plus souvent, se termine par la mort, bien que l’homme semble doué, d’abord, d’une santé d’autant meilleure, que l’air fait rebondir les chairs et leur donne une teinte plus rosée. Les bouchers aussi, dit-on, insufflent souvent de l’air dans la viande pour la faire paraître plus fraîche et plus grasse. »
Après cette explication, je me remis à faire fonctionner ma seringue pneumatique, et, à mesure que je devenais plus exercé, l’opération se faisait plus promptement. C’était une économie de temps considérable : cependant, comme nous avions un assez grand nombre d’animaux, la journée se passa presque tout entière à les dépouiller.
Le lendemain devait être employé à abattre l’arbre que j’avais choisi. Je partis donc de bon matin avec toute ma bande, bien munie de haches, de couteaux, de cordes et de scies. Chemin faisant, je leur montrai les dégâts causés par les