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Page:Johann David Wyss - Le Robinson suisse (1861).djvu/368

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le robinson suisse.

Je ne pouvais m’empêcher de reconnaître que les observations de ma femme étaient justes ; toutefois il m’en coûtait de laisser passer, sans en profiter, l’occasion de faire une pêche abondante. J’espérais, de plus, que nous ne perdrions pas grand’chose à notre récolte en employant le procédé italien, qui est beaucoup plus rapide. « Quant aux pommes de terre et au manioc, il n’y avait pas d’inconvénient à ce qu’ils restassent quelques jours de plus en terre : ils n’en seraient que plus faciles à récolter. D’ailleurs, nous n’avions pas affaire au sol rocailleux de la Suisse : il suffisait de laisser un petit nombre de germes pour avoir plus tard, grâce à la fécondité du terrain, une abondante récolte. »

Je communiquai toutes ces observations à ma femme, et, pour pouvoir commencer la récolte dès le lendemain matin, je fis immédiatement nettoyer devant la maison une aire en plein vent que je préparai de la manière suivante. Je l’arrosai d’abord avec de l’eau provenant de fumier du bétail. Les enfants ne comprenaient pas trop quels étaient mes projets, mais leur confiance en moi leur faisait exécuter mes instructions avec la plus grande docilité.

Je fis sortir toutes les bêtes de somme et les fis courir sur ce terrain humide, pendant que nous le battions de notre côté avec des avirons et des perches. Quand la chaleur eut séché le sol, je l’arrosai et le battis de nouveau, en sorte que j’eus une esplanade parfaitement dure et unie, dans le genre de celles des granges d’Europe.

Le lendemain matin tous les enfants accoururent, armés chacun d’instruments de labourage, tels que faucilles, fourches et râteaux. Je leur dis d’emporter seulement les faucilles et de laisser le reste ; car nous allions moissonner à l’italienne, et les Italiens sont trop paresseux pour ne pas faire les choses avec moins de peine que les autres peuples.

« Mais comment, dit Fritz, pourrons-nous réunir les gerbes et les rapporter à la maison ?