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Page:Johann David Wyss - Le Robinson suisse (1861).djvu/373

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le robinson suisse.

charger sa gibecière de lièvres ou de canards rôtis, pour aller abattre des lièvres et des canards vivants ?

— Je ne suis pas tout à fait de ton avis là-dessus ; cependant, si cette préparation de pemmican vous fait plaisir, je veux bien m’y prêter. »

Fritz, dans son ardeur, en pressa tellement la fabrication, que l’on eût dit qu’il s’agissait de faire de la nourriture à toute une armée. Pendant ce temps-là, ses frères apprêtaient de leur côté leurs attirails de chasse ; je m’apercevais bien à leur activité qu’ils avaient en tête quelque projet dont ils ne voulaient pas me faire part. Ils avaient été chercher le vieux traîneau transformé en voiture, grâce aux deux roues de canon, et l’avaient chargé de corbeilles, de sacs, de paniers de toute espèce ; par-dessus étaient la tente et le caïak.

Jack même y joignit quelques-uns de nos pigeons européens, et pour cela il chercha si évidemment à n’être pas vu de moi, que je pensai, pour le moment, qu’il avait songé à corriger le peu de délicatesse de la nourriture sauvage de Fritz par un supplément dans le goût des gens civilisés. Je voulus cependant paraître n’avoir rien vu, et j’attendis, dans l’espoir que l’événement me mettrait au courant de tous ces petits mystères.

Le matin du jour solennel du départ, Ernest et Jack eurent ensemble une grande conférence dont je ne pus connaître le but, mais à la suite de laquelle le premier décida qu’il préférait rester à la maison avec sa mère. Celle-ci, en effet, venait de déclarer qu’elle se souciait peu de quitter l’habitation pour le moment, et qu’elle se sentait d’ailleurs un peu trop fatiguée pour s’exposer à trotter plusieurs jours dans une voiture aussi dure que notre charrette. Je résolus alors de laisser partir les enfants seuls et de m’occuper pendant ce temps, avec Ernest, de la confection d’un moulin à sucre.

Les trois petits chasseurs nous firent donc leurs adieux ;