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le robinson suisse.

défense contre les attaques des sauvages ou des pirates malais, si jamais il s’en présentait de ce côté.

Je n’entrerai pas ici dans le détail de ces travaux, qui nous occupèrent pendant plus d’un mois. Il suffira de savoir que nous avions élevé alors non plus une simple barricade avec des bambous, mais une véritable muraille trop haute pour être escaladée, et trop forte pour être renversée sans employer les moyens violents de destruction que la poudre a mis entre les mains de l’homme. Au milieu s’élevait une sorte de belvédère qui pouvait servir d’observatoire, et d’où nous dominions tout le défilé. Au point de vue stratégique, cette position était excellente. Si jamais des ennemis venaient nous attaquer par l’Écluse, nous pouvions, en effet, contre-balancer l’avantage du nombre, décimer les rangs des assiégeants, et rester nous-mêmes à l’abri de leurs coups. Avec les ressources de notre artillerie nous aurions pu soutenir une attaque en règle, et obtenir, par une vigoureuse défense, des garanties et des sûretés que l’on n’eût pas accordées à un assiégé faible et désarmé.

Bien que, pendant tout le mois, nous fussions presque constamment occupés de notre muraille, nous trouvâmes encore le moyen de faire quelques petits travaux supplémentaires. Chacun, au reste, avait ses attributions spéciales. Ma femme se chargeait de la cuisine ; Fritz, avec son caïak, était notre pourvoyeur général ; Ernest et Jack s’absentaient peu, excepté pour quelque exploration dans les environs ; François, enfin, préparait la peau de l’hyène, à laquelle je lui avais promis de donner la dernière main, afin que le cher enfant pût jouir de son glorieux trophée.