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le robinson suisse.

rhinocéros ou à des hippopotames. Je cherchai attentivement si, outre ces puissants animaux, il ne s’était pas introduit quelques bêtes féroces, telles que des lions, des tigres ou des panthères ; mais je ne trouvai rien, si ce n’est des traces qui semblaient appartenir à un loup ou à un chien, et qui se dirigeaient de l’Écluse vers le rivage, sans qu’aucune semblable se montrât dans l’autre sens. Elles devaient, sans nul doute, appartenir à l’hyène que mes fils avaient tuée le premier jour de leur départ. Cette certitude me rassura un peu. Nous avions beaucoup à faire, il est vrai ; mais, au moins, nous pouvions espérer de n’être pas obligés de rester sans cesse sur la défensive. Les éléphants et les rhinocéros sont des animaux paisibles, redoutables seulement pour l’imprudent qui les dérange ou les attaque.

Nous dressâmes la tente immédiatement et nous entretînmes un grand feu à l’entrée pour écarter tout voisinage suspect. Malgré cela, Fritz et moi nous restâmes une partie de la nuit à causer auprès du foyer, ne nous sentant nullement envie de dormir, quand nous pouvions d’un moment à l’autre être attaqués. Aucune apparition dangereuse ne se montra, et, après avoir pris trois ou quatre heures de repos, nous vîmes se lever le soleil.

Le lendemain, au milieu de la journée, Ernest et ma femme vinrent nous rejoindre. Ils avaient apporté, dans la charrette, des provisions nombreuses pour un séjour qui devait se prolonger. Dès son arrivée, j’allai avec Ernest renouveler mon examen des traces des animaux, et la sagacité de notre jeune naturaliste vint confirmer mes conjectures, en ajoutant à mes remarques des observations judicieuses. Il n’y avait donc pas, jusqu’à présent, lieu de craindre le voisinage des indigènes, et tout semblait nous faire croire que nous étions les seuls êtres humains habitant cette île. Cependant je pensai qu’il serait plus prudent d’élever nos fortifications, non-seulement en vue d’une barrière contre les animaux féroces, mais aussi pour servir de