tures de treillages le long desquels serpentaient des plantes grimpantes ; la toile à navire qui jusqu’alors nous avait abrités se changea en un toit d’écorces d’arbres, sous lequel nous étions plus en sûreté. Nous adaptâmes des balcons aux fenêtres, et, ainsi transformée, notre habitation, qui ressemblait un peu à un nid d’aigle ou de faucon, devint une charmante maisonnette pleine de verdure et de fleurs.
Quand notre vieux château fut remis à neuf, nous nous occupâmes d’un travail bien autrement considérable. Fritz l’avait proposé depuis longtemps déjà, et, comme il en sentait l’importance, il revenait souvent sur ce sujet : c’était d’établir sur la plate-forme élevée de l’île du Requin une sorte de batterie militaire. Si je n’avais pas donné plus tôt suite à ce projet, c’est que l’entreprise en était difficile. Comment, en effet, hisser un canon à une telle élévation ? Nous y parvînmes cependant, mais après bien du temps et du travail. Nous commençâmes par le transporter dans l’île, au moyen de la chaloupe. Cela n’offrait aucune difficulté. Ensuite je construisis sur la plate-forme du rocher un cabestan aussi grand et aussi fort que je pus, et j’y adaptai une moufle. Une longue corde à nœuds glissant sur la moufle nous servait d’échelle pour monter et descendre, et bientôt nous fîmes cet exercice avec presque autant d’agilité que des singes. Grâce à la construction particulière de notre cabestan, nous pouvions soutenir les poids en l’air ; toutes nos manivelles furent mises à contribution, et, lorsque ainsi tout eut été préparé, nous commençâmes à soulever le canon. Il fallait l’élever à une hauteur de plus de cinquante pieds ; et, comme il ne pouvait monter que très-lentement, nous mîmes plus d’un jour à le hisser jusqu’au niveau de la plate-forme. Une fois là, le travail devint plus facile, nous pûmes le placer sur son soutien et le braquer dans la direction de la mer.
À côté nous élevâmes une petite guérite, ou poste d’observation en bambou ; elle était surmontée d’un pavillon,