que l’on pouvait aisément changer au moyen d’une corde et d’une poulie. Lorsque la mer n’offrait rien de suspect, c’était le pavillon blanc qui flottait au sommet du rocher ; si, au contraire, quelque chose de nouveau était signalé, aussitôt on arborait le pavillon rouge.
De tous les travaux que nous avions faits jusqu’alors, c’était peut-être celui qui nous avait occupés le plus longtemps, et qui nous avait demandé le plus de peines. Aussi nous en célébrâmes la fin avec une certaine solennité. Le pavillon blanc fut hissé au sommet de la guérite, et nous saluâmes son apparition par six coups de canon, que les échos des rochers répétèrent au loin.
CHAPITRE XXXVII
Que l’on me permette d’abord de jeter un coup d’œil en arrière et de mettre en quelque sorte sous les yeux le tableau résumé de notre petite colonie, après dix années d’établissement. Pendant ces dix années, je dois le dire, nous avons dû à la protection de Dieu plus de bonheur et de succès que nous ne le méritions. J’espère que sa bonté ne nous réserve pas pour l’avenir de ces douloureuses catastrophes dont le cœur saigne toujours, et je mets en lui ma confiance, tout en répétant cette parole de résignation : « Que sa volonté soit faite, et non la mienne ! »
On a déjà pu se convaincre aisément que nous avions été favorisés du ciel en venant échouer sur une terre aussi fer-