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Page:Johann David Wyss - Le Robinson suisse (1861).djvu/406

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le robinson suisse.

riger les eaux de nos fontaines sur un point quelconque de nos plantations, sans que nous eussions d’autre peine que le déplacement des conduits.

Nous avions tiré tout le parti possible des environs de notre demeure, soit pour l’utilité de la défense, soit pour l’agrément du séjour. Toutes nos plantations européennes ou indigènes avaient parfaitement réussi, et leur végétation luxuriante faisait un agréable contraste avec les rochers arides auxquels était adossé Felsheim, et qui dominaient le passage.

Tout ce paysage était animé, soit sur la terre, soit dans la baie, par la troupe nombreuse de nos animaux domestiques. Les cygnes noirs contrastaient par leur plumage avec la blancheur de celui des oies ; là aussi se trouvaient nos canards, nos poules d’eau, aux couleurs différentes. Parmi tous brillaient la poule sultane, le héron royal et le flamant ; à terre, au milieu des sentiers frayés dans la forêt ou sur les pelouses de verdure, couraient les poules, les grues, les dindons, les outardes, auxquels se mêlaient notre bel oiseau de paradis ou la grande autruche, qui dominait de bien haut tout ce petit monde gloussant. Les coqs de bruyère s’abritaient dans les hautes futaies, et les pigeons, sans cesse en voyage de Falkenhorst à Felsheim, venaient presque sous la galerie chercher un moment de repos pour leurs ailes ou une mie de pain oubliée pour leur bec. En un mot, il y avait autour de nous tant de mouvement, tant de variété, tant de vie, que nous comparions souvent notre demeure au paradis terrestre, à l’époque où notre premier père se promenait au milieu des animaux de toute espèce, avec la majesté qui convenait au roi de la création.

Ce séjour n’était pas seulement agréable à habiter, il était encore parfaitement protégé de toutes parts. À droite, il avait pour limite le ruisseau du Chacal, sur les bords duquel croissaient une foule de plantes épineuses, telles que des aloès, des cactus, des palmiers et des figuiers indiens, se mêlant à des citronniers ou des orangers en fleurs. Tous ces