niers se composaient principalement de bancs d’huîtres placés à fleur d’eau, faciles, par conséquent, à apercevoir et n’offrant aucun danger.
Je n’ai pas besoin de dire que nous voguâmes avec un plaisir extrême sur cette nappe d’eau, longeant l’agréable rivage qui nous offrait à la fois de riantes prairies, des bois touffus, des collines verdoyantes et de limpides ruisseaux. Nous nous dirigeâmes vers une crique assez vaste, tout près du banc d’huîtres sur lequel Fritz avait péché ses perles : nous y étions attirés par la vue d’un ruisseau dont les eaux nous promettaient un doux rafraîchissement. Nos compagnons de voyage, à qui nous n’avions pu distribuer pendant la journée qu’une assez faible ration d’eau douce, sautèrent par-dessus le bord pour arriver plus promptement au ruisseau. Maître Knips seul n’eut pas le courage d’imiter ses camarades, et nous ne pûmes nous empêcher de rire en voyant ses gestes étranges ; il hésitait entre le désir de les suivre et la frayeur que lui causait la seule pensée de se rendre à terre a la nage. J’eus pitié à la fin du pauvre animal : je lui jetai une grosse corde par laquelle il descendit en tremblant sur le rivage.
Nous suivîmes sur-le-champ notre petit danseur de corde, et, le soleil baissant déjà à l’horizon, nous songeâmes à nous préparer un souper en règle. Il se composa d’une soupe de pemmican, de pommes de terre et de biscuit de maïs. Pour combustible, nous nous servîmes de morceaux de bois jetés sur le rivage par les flots ; ils étaient du reste assez secs ; mes fils en rassemblèrent une quantité considérable pour pouvoir entretenir pendant toute la nuit un grand feu de bivac. Cela fait, nous nous disposâmes à dormir. Les chiens restèrent auprès du feu, où ils se trouvèrent fort bien ; quant à nous, ayant regagné notre chaloupe, nous allâmes mouiller à quelque distance du rivage, prêts à saisir nos armes au premier signal de danger que nous donneraient nos gardiens restés à terre. Pour surcroît de précaution, j’attachai Knips au pied