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le robinson suisse.

ceau de toile autour du cou, elle lui donna absolument l’air d’un petit passager.

Fritz et moi étions sur le point de nous embarquer pour aller à la recherche de Jenny, dont l’absence nous inquiétait, quand nous la vîmes reparaître avec un compagnon de voyage que nous ne lui connaissions pas.

Mais Fritz, se tournant vers son frère Jack, sl’écria :

« Le voici  ! Le voici vraiment ! c’est ton chacal qui revient à nous sous la forme d’un jeune fashionable, comme un homme qui s’est enrichi aux grandes Indes ! »

Nous fîmes à Jenny l’accueil le plus cordial, et chacun de nous exprima son admiration pour l’adresse avec laquelle elle était venue à bout de son entreprise.

Pendant le dîner, nous tînmes conseil sur ce qui nous restait à faire. Les plus jeunes membres de ma famille furent d’avis d’aller visiter la Roche fumante, où miss Jenny avait passé plusieurs années ; mais elle, ainsi que nous et Fritz, étions impatients de retourner à Felsheim, où nous désirions installer notre nouvelle compagne. Ce dernier avis prévalut, et nous passâmes la soirée à nous préparer au départ. Nous découvrîmes alors que Fritz et Jenny avaient à nous faire voir une quantité de belles choses dont ils ne nous avaient pas encore parlé : c’étaient les richesses de l’Anglaise. Elles consistaient en partie dans les objets sauvés par elle du vaisseau naufragé, et en partie dans des ustensiles et objets de toilette qu’elle avait fabriqués elle-même pendant son séjour sur le rocher, avec les dépouilles de divers animaux dont elle s’était emparée, moitié par ruse et moitié par force. Je serais tenté de donner ici une liste de ces objets, véritables chefs-d’œuvre d’industrie et de travail ; mais ils étaient si nombreux et si ingénieusement imaginés, que je craindrais d’inspirer de la méfiance à mes lecteurs. Le tout était enfermé dans une espèce de grand coffre que Fritz avait fait exprès pour elle, et que nous pûmes facilement placer dans notre pinasse. Nous terminâmes la journée par un souper