copieux, pendant lequel la conversation ne roula que sur l’étonnante imagination et l’adresse consommée que la pauvre miss Jenny avait déployées en fabriquant avec les outils les plus imparfaits une si grande quantité de choses utiles ou curieuses.
Nous fîmes le lendemain de bonne heure ce dont nous étions convenus le soir, je veux dire le voyage dans la baie aux Perles, avant de retourner chez nous.
Miss Jenny fut de nouveau la première levée, et, comme elle prenait plaisir à nous faire des surprises, elle nous en avait préparé une bien inattendue. Dans un petit bois, non loin du lieu de notre débarquement, elle avait caché un cormoran apprivoisé, qu’elle nous montra tout à coup, en nous disant qu’elle ne l’avait tenu à l’écart jusqu’alors qu’à cause de sa malpropreté, mais que, du reste, elle l’avait dressé à la pêche, selon l’usage des Chinois.
Nous montâmes tous dans la pinasse, à l’exception de Fritz, qui nous servit encore de pilote dans son caïak. Nous arrivâmes ainsi sans peine dans la baie aux Perles, où nous jetâmes l’ancre et descendîmes à terre à l’aide de notre petite chaloupe. Nous y trouvâmes toutes choses dans l’état on nous les avions laissées, si ce n’est que l’air s’était épuré : les squelettes, tant des lions que du sanglier d’Afrique, se montraient presque entièrement dépouillés de chair.
La première chose dont nous nous occupâmes fut de dresser notre tente, qui devait nous abriter alternativement contre l’ardeur du jour et contre le froid de la nuit. Ensuite nous nous mimes à examiner les nacres de nos huîtres pour en tirer des perles. Que d’activité chacun déploya dans ce travail, mais aussi que d’avidité ! Quels cris de joie éclataient quand nous trouvions une perle remarquable par sa forme, sa grosseur et son orient ! À quoi cependant devaient nous servir tous ces trésors ? Miss Jenny ne se montra-t-elle pas plus sage que nous en dédaignant ces bagatelles, jolies mais inutiles, pour rassembler les fibres ou filaments dont les coquilles