dans une tonne jetée au rivage par la mer ; il revint tout joyeux nous chercher, et, ensemble, nous courûmes au tonneau, dont Fritz, toujours ami des moyens les plus expéditifs, voulait faire sauter les cercles à coups de hache. Sa mère l’en empêcha en lui disant que tout le beurre se fondrait à la chaleur du soleil et coulerait. Je pratiquai un trou à l’aide d’une grosse vrille, et je pris seulement la quantité de beurre dont nous avions besoin pour le moment. Nos tartines nous semblèrent délicieuses ; à la vérité, le biscuit était toujours dur ; mais l’un de nous eut l’idée de le présenter au feu, ce qui le rendit quelque peu tendre. Nos chiens nous laissèrent déjeuner sans nous importuner : leur repas nocturne n’était apparemment pas encore digéré. Nous vîmes alors qu’ils avaient autour du cou de larges et profondes blessures ; ma femme les pansa avec du beurre, qu’elle eut soin d’abord de laver dans l’eau froide pour enlever une partie du sel. Ce remède réussit très-bien. Fritz prit de là occasion de nous conseiller de mettre au cou de Bill et de Turc de solides colliers garnis de pointes de fer. « Je me charge de leur faire à chacun un collier, dit Jack, toujours prompt à s’offrir, pourvu que maman veuille m’aider.
— Oui, mon petit empressé, dit la mère, je t’aiderai, si tu veux t’occuper sérieusement de cela. »
Je fis alors connaître à mes enfants l’expédition décidée pour la journée. Je les invitai à être soumis, obéissants à leur mère, à prier Dieu de nous ramener sains et saufs ; après quoi je convins avec ma femme de quelques signaux qui devaient nous servir à communiquer ensemble, malgré la distance. Ainsi un morceau de toile attaché à une perche plantée sur le rivage indiquait que tout était en sûreté à terre ; cette toile abaissée, huit coups de fusil tirés par elle et par Ernest, indiqueraient qu’il fallait nous hâter de revenir. Je la prévins aussi que, probablement, il nous faudrait passer la nuit sur le navire, Fritz et moi.
Nous ne prîmes que des armes et des munitions, dans la