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le robinson suisse.

certitude de trouver des vivres sur le bâtiment. Fritz, désireux de faire goûter à son singe du lait de chèvre, l’emmena avec lui.

Nous nous embarquâmes dans nos cuves, tristes, le cœur ému et après nous être embrassés tous. Parvenus au milieu de la baie, nous sûmes profiter d’un fort courant formé par la rivière à son embouchure, pour nous rapprocher de notre but ; ainsi, sans ramer, ayant soin de guider seulement notre embarcation, nous fîmes les trois quarts du trajet et achevâmes le reste par quelques coups d’avirons.

Ayant attaché notre bateau, nous entrâmes dans l’intérieur du navire par l’ouverture que j’avais faite en le quittant.

Fritz courut aussitôt porter de la nourriture aux animaux rassemblés sur le pont. Ces pauvres bêtes nous saluèrent par leurs bêlements, leurs mugissements, leurs cris divers : et leur joie venait surtout du plaisir que leur faisait notre venue, car elles avaient encore du fourrage en quantité suffisante, Fritz mit son singe auprès d’une chèvre, dont il suça le pis en faisant force grimaces de plaisir. Je demandai alors à Fritz par quoi il fallait commencer, tout en prenant, à notre tour, un peu de nourriture.

« Mon père, répondit Fritz, m’est avis que nous devons d’abord mettre une voile à notre embarcation.

moi. — Ah ! par exemple ! voilà une singulière idée ! Es-tu fou ? Selon toi, il n’y a rien de plus urgent à faire maintenant ?

fritz. — J’ai senti en venant un vent assez vif qui me soufflait au visage. Or je réfléchis que le courant ne pourra pas nous aider pour le retour, tandis que ce vent nous favoriserait ; notre bâtiment va être lourd ; je ne sais pas encore très-bien ramer.

moi. — Ton idée est bonne. Apporte une perche, qui nous servira de mât, et une plus mince pour attacher la voile. »