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le robinson suisse.

grand pavillon anglais sur le sommet du rocher de l’île du Requin.

Le débarquement offrit une nouvelle scène de ravissement ; de tous côtés on ne voyait qu’hommes et animaux. Chacun cherchait à satisfaire sa curiosité, à adresser des questions ou à y répondre. Pendant ce temps, le pilote et moi nous portions M. Wolston dans une charrette ; ma femme se chargea de le soigner. Le dîner fut court ; car nous voulions aller avant la fin du jour à Falkenhorst, et d’ailleurs aucun d’entre nous n’avait l’esprit assez en repos pour se livrer aux plaisirs de la table. Ce ne fut que le soir, et au retour de Falkenhorst, qu’un peu de tranquillité commença à régner parmi nous. Miss Wolston saisit cette occasion pour exprimer le désir de rester dans l’île jusqu’à ce que la santé de son mari fût entièrement rétablie, et de garder avec elle sa fille aînée, qui n’était pas non plus très-forte, tandis que la cadette irait au cap de Bonne-Espérance retrouver son frère, qui y était établi, et qu’elle ramènerait auprès de nous, si nous voulions le permettre. Je répondis que cet arrangement comblerait tous mes vœux, et je crus l’occasion favorable pour faire connaître l’intention que ma femme et moi nous avions prise de ne plus quitter la Nouvelle-Suisse. À ces mots, un cri général s’éleva de : « Vive la Nouvelle-Suisse ! » auquel Ernest ajouta : « Et vivent tous ceux qui y veulent rester à jamais ! »

L’occasion était favorable, et, le capitaine ayant annoncé que le mécanicien Wolston, en quittant son navire avec sa femme et sa fille, y laissait trois places libres, tout s’arrangea bientôt. Il fut décidé que Fritz, François et Jenny partiraient pour l’Europe, et qu’Ernest et Jack, qui ne demandaient pas mieux, resteraient avec nous.

Combien d’émotions diverses agitaient tous les cœurs ! Aussi chacun s’empressa-t-il de se retirer dans la chambre que ma femme lui avait assignée, pour s’y livrer en repos à ses réflexions ; nous sentions tous que nous nous trouvions