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Page:Johann David Wyss - Le Robinson suisse (1861).djvu/483

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le robinson suisse.

dans cette île où nous avions été si heureux ? Je le désirais, et ma femme ne demandait pas mieux, seulement elle voulait garder auprès d’elle deux de ses fils ; elle consentait à envoyer les deux autres en Europe, pourvu qu’ils s’engageassent à chercher quelques femmes honnêtes qui voulussent venir habiter avec nous notre colonie, à laquelle nous devions donner le nom de Nouvelle-Suisse.

D’accord là-dessus, nous convînmes que nous en parlerions au capitaine Littlestone, et en même temps que nous ferions hommage à l’Angleterre de notre île. Mais ce qui nous embarrassait encore, c’était de savoir lesquels de nos fils partiraient et lesquels resteraient avec nous. Les motifs se balançaient pour chacun d’eux. Nous ne savions pas non plus quel parti prendre au sujet de miss Jenny. Après y avoir bien réfléchi, nous crûmes plus sage d’attendre deux ou trois jours, sans faire part à personne de nos projets, et, dans l’intervalle, de diriger les choses de telle façon, que deux de mes fils exprimassent d’eux-mêmes le désir de rester avec nous, après quoi les deux autres pourraient accompagner le capitaine Littlestone en Europe, pourvu qu’il voulût les prendre. Or, dès le lendemain, les circonstances amenèrent d’elles-mêmes la manifestation que nous voulions provoquer. Nous avions décidé pendant le déjeuner que le capitaine, son pilote et un aspirant de marine viendraient nous visiter à Felsheim, et qu’en même temps le mécanicien malade y serait transporté, dans l’espoir que le bon air et nos soins contribueraient à lui rendre la santé. Ce voyage fut réellement une partie de plaisir ; le bonheur et l’espérance remplissaient tous les cœurs. Fritz et Jack obtinrent la permission d’aller en avant pour nous recevoir.

Je n’essayerai pas de peindre la surprise des Européens lorsque, en entrant dans la baie du Salut, notre maison, notre jardin, nos divers établissements, frappèrent à la fois leurs regards. Cette surprise fut au comble lorsqu’ils s’entendirent saluer de onze coups de canon et qu’ils virent le