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le robinson suisse.

venons de parler, une île d’une grande étendue et restée déserte.

« Il voulut qu’elle fût peuplée et cultivée par un certain nombre de ses sujets, auxquels, pour récompense de leurs travaux, il promit de les admettre, plus tard, auprès de sa personne comme ses plus chers amis.

« Cette île se nommait Erdheim ou Demeure terrestre ; celui qui se serait distingué par sa vertu dans ce lieu d’épreuve obtiendrait comme récompense d’être admis dans la cité céleste.

« Dans ce dessein, le grand roi fit équiper une flotte, et tira de ses immenses terres de la Nuit ou de la Possibilité les hommes qu’il devait envoyer dans l’île, où les attendaient des biens inconnus à eux jusqu’alors et tout ce qui leur serait nécessaire.

« Quand ces colons furent embarqués, le grand monarque leur parla ainsi :

« Mes enfants, je vous ai tirés du royaume de la Nuit pour vous donner la vie ; votre félicité dépend de vous-mêmes ; veuillez être heureux, et vous pourrez l’être. Vous savez que je suis votre père ; observez donc mes ordres avec fidélité. Dès votre arrivée à Erdheim, chacun recevra sa portion de terrain à cultiver ; des chefs sages et instruits vous feront connaître ultérieurement mes ordres. Vous vous servirez comme d’aides de créatures vivantes créées par moi et qui doivent vous être soumises. J’enverrai de temps à autre des vaisseaux qui viendront prendre à Erdheim, tantôt au nord, tantôt au midi, toujours à l’improviste, des colons dont il me plaira de récompenser ou de punir la conduite, selon qu’elle aura été bonne ou mauvaise. Comme d’ici je peux voir parfaitement ce qui se passe dans l’île et que j’ai un immense miroir placé au centre de mon palais, et qui reproduit en son entier Erdheim, nul ne doit espérer de me tromper, et tous seront jugés d’après leurs œuvres. »