Page:John Adams - Défense des constitutions américaines, Tome premier, 1792.djvu/38

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
(6)

est le seul contre-poids qu’on sût alors opposer à la puissance des rois, ce qui produisoit des altercations perpétuelles de rébellion et de tyrannie et d’horribles boucheries toutes les fois que l’un ou l’autre prenoit le dessus. Lorsque les rois étoient abolis, les aristocraties tyrannisoient, et il n’existoit alors de balance qu’entre l’aristocratie et la démocratie ; ou plutôt, suivant la nature des choses, il n'en existoit aucune, et le balancier étoit dans une perpétuelle oscillation. IL est impossible de lire sans horreur, dans Thucydide, liv. III, le récit des factions et des désordres dont la Grèce fut le théâtre, et qui n’eurent d’autre cause que ce défaut d’équilibre. Durant le peu de jours qu’Eurymedon resta avec ses troupes à Corcyre, le peuple de cette ville extermina la plupart des grands, comme perturbateurs du repos public, et d’après l’idée qu’ils vouloient détruire la démocratie ; mais quelques-uns se défirent, sous ce prétexte, de leur ennemis particuliers ou de leurs créanciers. Il s’y commit toute espèce de crimes et d’assassinats ; les pères tuèrent leurs enfans ; quelques-uns furent assassinés au pied des autels d’autres furent arrachés et massa-