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crés ; un grand nombre enfermés dans les temples y moururent de faim ; bientôt le mal se répandit par toute la Grèce ; chaque ville fut livrée aux fureurs de deux factions ennemies, celle du peuple favorable aux Athéniens qui la fomentoient, et celle des grands favorable aux Lacédémoniens. Ces prétentions opposées produisirent donc des séditions sans nombre accompagnées de tous leurs tragiques effets, et toujours elles en produiront de semblables, tant qu’il y aura des hommes au monde». Si ce célèbre historien eût vécu de nos jours, il n’auroit pas jugé le mal aussi incurable, et il auroit dit : « tant qu’on ne trouvera pas le moyen de balancer les différens partis dont une cité est composée». «Ce mal, ajoute Thucydide, changea non-seulement les esprits, mais encore l’usage ordinaire des mots. Une précipitation brutale étoit le vrai courage ; la prudence étoit poltronnerie ; la sagesse dans les conseils une honnête excuse pour rester dans l’inaction ; celui qui ménageoit sa conduite pour ne point agir témérairement passoit pour mauvais ami et pour timide ; celui qui attaquoit le premier, ou qui portoit les autres au mal, étoit estimé le plus