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Page:John Ruskin par Frédéric Harrison.djvu/107

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art, Ruskin ne fit que construire à priori, des systèmes et des théories qu’il tirait de son propre fond, sans aucune connaissance sérieuse ou coordonnée de la théologie, de l’histoire, de l’économie politique et de l’art lui-même.

Mais, tout compte fait, nous ne devons pas oublier que John Ruskin iut un homme d’un rare génie, qu’un de ses admirateurs français l’a appelé « une imagination palpitante » et qu’il fut en même temps doué de la plus délicate sensibilité, de la sympathie la plus ardente et d’une extrême acuité de vision. Il y avait en lui quelque chose de cette lance d’Ithuriel qui avait le don de découvrir les fraudes, quelque chose de ces esprits supérieurs, quoique si différents dans leur essence, comme Platon, saint Jean, et les mystiques, ou encore comme Burke ou Shelley, qui, en dépit de toutes leurs fantaisies, de leurs paradoxes, de leurs illusions ont donné a l’homme tant d’aperçus surprenants, tant d’aperçus divinations, surtout tant de nobles espoirs et tant de suprêmes consolations.

Tout ce que le génie et l’intuition pouvaient fournir en l’absence d’une instruction systématique et d’un patient raisonnement, Ruskin l’a donné. En se plaçant au point de vue de l’histoire scientifique, il faudrait de longues années — et non pas seulement quelques mois bien remplis — pour