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Page:John Ruskin par Frédéric Harrison.djvu/106

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depuis des années, pour s’adonner a une forme plutôt vague de croyance orthodoxe. Il n’en est pas moins significatif que l’auteur d’un ouvrage considérable, écrit pour démontrer que « tout grand art est uniquement produit par la fidélité aux lois évidentes d’un Dieu indiscuté », en vienne à déclarer, au terme de sa carrière, qu’il repose sur un enseignement religieux considéré maintenant par lui-même comme trompeur, empoisonné et ridicule.

Nous touchons ainsi à la source des erreurs radicales de tout l’enseignement de Ruskin. Il avait entrepris de fonder tout un système des facultés de l’imagination sur un credo religieux dont il avait sucé les principes dès sa tendre enfance, qu’il avait adopté avec une naïve ferveur, sans en avoir au préalable étudié à fond la philosophie, l’histoire et les résultats sociaux. Quand il y fut amené par les homélies prophétiques de Thomas Carlyle, par ce qu’il observa de la société et de l’art dans les pays catholiques et ce qu’il apprit des âges où régna le catholicisme, sa vive imagination et sa nature faite de sympathie s’enflammèrent et, comme le Sartor lui-même, il en vint à déchirer les « haillons de Houndsditch » ainsi que Carlyle appelait l’orthodoxie toute biblique de sa jeunesse. Et c’est ainsi qu’en histoire comme en théologie, en économie politique comme en