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Page:John Ruskin par Frédéric Harrison.djvu/109

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même résultat. C’est ainsi que, toute sa vie, il fut l’objet de mépris et même de persécution. Il y eut cependant dans ses prédications quelque chose qui a survécu et que ni les philosophes, ni les théologiens, ni les économistes ne pouvaient, nous donner, même en se réunissant.

Bien que les Pierres de Venise soient moins pleines de fantaisies, de digressions et de rhétorique, qu’elles soient aussi moins agressives que les Peintres Modernes et les Sept Lampes, ce n’est qu’une question de degré et de comparaison. Elles aussi contiennent beaucoup de fantaisies, de digressions, de rhétorique et de polémique, mais elles peuvent être considérées comme l’œuvre la plus organique, la plus coordonnée d’un auteur qui faisait ti de toute organisation et de toute coordination systématique. Le livre renferme naturellement des descriptions de scènes et de paysages aussi vraies et aussi belles que n’importe quel écrit de Ruskin. On ne peut oublier cet exorde du premier chapitre du second volume qui décrit l’approche de Venise, — morceau surchargé de couleur et de mots, mais si vrai et si impressionnant ! — La brise salée à l’entrée des lagunes, les lamentations des blancs oiseaux de mer, la masse noire des plantes marines et le soleil couchant derrière la tour de la vieille église dans l’île solitaire de « Saint-Georges des Algues » ; les collines