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Page:John Ruskin par Frédéric Harrison.djvu/111

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générations qui ont traversé la place solitaire ou qui les ont vues dominant au loin la plaine boisée ! Et de là, voici que nous passons aux allées peuplées et sonores qui entourent Saint-Marc, avec leur coloration, leurs lampes, leurs vierges et la confusion des balcons, des pergolas et des auvents, jusqu’à ce que la vision même de l’église se dresse devant nous, avec la multitude de ses piliers et de ses dômes ; monceau de richesses, partie or, partie perles et opales, ses cinq porches voûtés, plafonnés de mosaïques, revêtus de sculptures d’albâtre, clairs comme de l’ambre, délicats comme de l’ivoire. Vraiment, cela est surchargé comme une scène de banquet de Rubens. Mais comme cela est vu et comme cela est senti !

Et, plus loin, la tombe du Doge Andrea Dandolo dans le baptistère de Saint-Marc (vol. II), celle de Can Grande à Vérone (vol. III) ! Nous a-t-on jamais présenté un monument solennel avec plus de pathétique et sous une couleur aussi vraie ! Des milliers de touristes qui vont maintenant chaque année les visiter, sur la foi de ce qu’en a dit Ruskin, auraient autrefois passé devant eux en se contentant d’un coup d’œil négligent et d’une phrase de guide. Et, comme toujours, quoiqu’il ait la prétention de s’attacher surtout aux Pierres de Venise, il y mêle ses considérations sur la peinture, sur Fra Angelico le Florentin, sur Rubens