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Page:John Ruskin par Frédéric Harrison.djvu/143

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le travailleur a une machine dont le pouvoir moteur lui vient de la vapeur ou de quelque autre force mesurable. Au contraire, « le travailleur est une machine dont le pouvoir moteur est une âme et la puissance de cet agent particulier entre, comme une quantité inconnue, dans toutes les équations de l’économie politique et, en tant qu’inconnue, falsifie toutes ses solutions ». Sans doute, aussi longtemps que des hommes, soit qu’ils dirigent le capital, soit qu’ils soient dirigés par lui, seront mus par quelque force calculable, à l’exclusion pour un temps de toute autre influence, les déductions des ploutonomistes seront exactes et vraies, mais, dans une société humaine quelconque bien portante, un tel état de choses ne pourra jamais être que temporaire et limité.

Ce petit volume de 170 pages est rempli de sentences mémorables, insuffisantes peut-être au point de vue scientifique mais étrangement suggestives à la réflexion. Qu’entendons-nous par « riche ? En réalité, la richesse est toute négative ; la puissance de vos guinées ne dépend que du besoin qu’en a votre voisin ; s’il n’en a pas besoin, elles ne sont pour vous d’aucune utilité. L’art de devenir riche consiste à faire en sorte que votre voisin reste pauvre. Si une société était entièrement composée de millionnaires, ils seraient condamnés à cirer eux-mêmes leurs souliers. « La richesse n’es