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Page:John Ruskin par Frédéric Harrison.djvu/150

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profondément affligé et désappointé des hérésies de son fils, pour lui si étranges et si inexplicables. Les insultes cruelles des critiques, faisant comme de coutume écho aux opinions convenues, le rendaient téméraire et agressif. Il fut plus que jamais arrogant et dogmatique et répondit au ridicule par le mépris. Son habitude de recourir à des images fantastiques, à des métaphores Bibliques, à des digressions interminables s’accentua. Il n’est que trop évident, si nous comparons l’ouvrage de 1863 à celui de 1860, que son indignation enflammée contre les oppressions et les misères sociales et toutes ses rêveries sur un état de choses qu’il était impuissant à changer avaient déjà produit ces troubles cérébraux dont il a souffert si longtemps et si cruellement. Depuis cette époque et jusqu’à la fin, encore éloignée, on pouvait appliquer à Ruskin l’épitaphe que Swift avait proposée pour lui-même : sœva indignatio cor lacerabot.

Il a encore répandu les mêmes idées au sujet de la reconstruction des institutions et des habitudes sociales d’une façon un peu décousue mais pleine d’ardeur, dans les vingt-cinq lettres adressées, en 1867, à un ouvrier fabricant de bouchons du Sunderland, à l’occasion de l’agitation réformiste ; elles furent publiées plus tard sous le titre de « Temps et Marée ». L’idée de cette nouvelle série de lettres était d’engager les travailleurs à ne pas