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Page:John Ruskin par Frédéric Harrison.djvu/161

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j’avais commencé par les cristaux, j’aurais été vite entraîné vers l’architecture ! »

Sesame et les Lys, en dépit du titre (et les titres de Ruskin ne semblent avoir d’autre but que de procurer quelques minutes d’amusement à leur auteur) est le plus populaire de ses opuscules. L’édition que je possède, celle de 1900, porte le quarante-quatrième mille, et, à beaucoup de points de vue, cette popularité est justifiée. Ce petit livre renferme quelques-unes de ses plus belles pages, quelques-unes de ses pensées les plus hautes, et, en outre, plus d’une révélation de son moi intime. Il est dédié, d’une manière pathétique, à la φίλη sans l’aide de laquelle, dit-il, « il n’aurait plus rien écrit ni pensé ». Nous savons maintenant que cette amie n’était autre que Rose Latouche, la jeune fille à laquelle il avait enseigné le dessin en 1858, qui, plus tard, devait assombrir sa vie en refusant de devenir sa femme et qui mourut en 1875.

Le chapitre intitulé « Les Trésors des Rois » (dont le véritable sens est l’usage des bons livres ou une éducation solide) est un éloquent plaidoyer contre le temps perdu en lectures frivoles et a pour but d’engager chacun à se composer une bibliothèque de livres excellents et d’une valeur permanente. C’est exactement le but poursuivi par Auguste Comte, lorsqu’il publia, en 1851, sa Bibliothèque positiviste pour le xixe siècle, mais Ruskin n’en