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Page:John Ruskin par Frédéric Harrison.djvu/162

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avait point entendu parler ; Carlyle dit à peu près la même chose, à Edimbourg, quelques années plus tard, et, vingt ans après Ruskin, Sir John Lubbock donna son excellente collection des « cent meilleurs livres ». Ruskin, on s’en souvient, crut devoir alors expliquer combien il s’éloignait du choix fait par Comte et par Lubbock, qui était le même à très peu de chose près. Ruskin met dans son Index Expurgatorius tous les moralistes profanes, tous les théologiens (à l’exception de Jeremy Taylor et de Bunyan), Lucrèce, les Nibelungen, et la Morte d’Arthur, la poésie orientale, Sophocle et Euripide, tous les historiens modernes, tous les philosophes, Thackeray, George Eliot, Kingsley, Swift, Hume, Macaulay et Emerson. Les Trésors des Rois de Ruskin paraissent vraiment bien pauvres.

Malgré cela — et l’on ne doit pas oublier que, en 1886, le cerveau de Ruskin avait été quelque peu troublé et qu’il était revenu à quelques-uns de ses anciens préjugés théologiques — Sesame et les Lys renferme de bien belles choses dites d’une manière exquise. Il dénonce amèrement ce qu’il y a de convenu dans l’éducation de la classe supérieure « éducation dirigée en vue de telle ou telle situation » — n’ayant d’autre but que « d’assurer le succès », c’est-à-dire « de mettre en évidence ». « Vous pourriez lire tous les livres qui sont au